ANSES - Le Magazine

January 2022

Numéro 95 Articles périodiques publiés en 2022

Au sommaire

Articles

Article Bilan de la surveillance de la maladie virale hémorragique du lapin dans les élevages cunicoles en France depuis la création d’un réseau de surveillance en 2018

La maladie hémorragique virale du lapin (dite VHD pour « Viral Hemorrhagic Disease ») est une hépatite virale hautement contagieuse affectant les lapins domestiques et sauvages (Oryctolagus cuniculus). Classée en danger sanitaire de deuxième catégorie, elle entraîne une mortalité élevée en élevage et des pertes économiques importantes. La filière cunicole s’est dotée en 2018 d’un plan de lutte collective contre la VHD pour faire face à une recrudescence de la maladie en élevage, liée à l’émergence d’un nouveau génotype viral. Dans ce cadre, un système de recensement des foyers de VHD dans les élevages cunicoles a été mis en place en juin 2018, basé sur les déclarations volontaires des groupements de production de lapins, vétérinaires et éleveurs indépendants. Entre le 01/07/2018 et le 31/12/2019, 265 foyers de VHD ont été déclarés en France ; l’incidence annuelle en 2019 s’élève à 21,7 cas pour 100 élevages (Intervalle de Confiance à 95% [18,3-25,1]). La surveillance a permis de mettre en évidence des épisodes récurrents de VHD dans certains élevages, montrant la nécessité de compléter le plan de lutte par une gestion renforcée des récidives.

Article Évaluation du réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) par la méthode OASIS

Une évaluation du réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) a été effectuée par la méthode OASIS. Au cours de cette évaluation, des entretiens semi-directifs ont été réalisés avec toutes les catégories d’acteurs, de collaborateurs et de bénéficiaires de la surveillance effectuée par le Résapath. D’une part, l’évaluation a permis de mettre en évidence de nombreux points forts garants d’un dispositif de surveillance performant. Les principales forces du Résapath consistent en : (i) une organisation institutionnelle centrale efficace, permettant la définition d’un champ, d’objectifs et de procédures de surveillance clairs et bien acceptés, (ii) des compétences fortes en épidémiologie et en microbiologie et (iii) une approche « gagnant-gagnant », à l’origine de la participation volontaire de 71 laboratoires de diagnostic vétérinaire et où l’organisation d’un essai inter-laboratoires d’aptitude annuel gratuit joue un rôle clé. D’autre part, l’évaluation du Résapath a permis l’identification de certaines faiblesses, notamment en matière de gestion des données, et la formulation de recommandations d’amélioration.

Article Une approche mutualisée des outils de la surveillance des salmonelles à l’abattoir

La mutualisation et la valorisation des résultats d’autocontrôles des contaminations par Salmonella à l’abattoir en filières de production d’animaux de boucherie et de volailles font l’objet d’un groupe de travail multi-partenarial de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (https://www.plateforme-sca.fr).

Article Évaluation des risques chimiques liés à l’alimentation tout au long de la vie

Apportées par des activités anthropiques ou naturellement présentes dans l’environnement, de nombreuses substances chimiques contaminent nos aliments. Afin d’évaluer le risque chronique associé à l’ingestion de ces substances, nous proposons une approche innovante permettant d’estimer des trajectoires d’exposition vie-entière à un contaminant chimique à l’échelle individuelle. Cette méthode permet de considérer l’évolution des comportements de consommation au cours de la vie, les variations des contaminations alimentaires au cours des décennies, mais aussi la potentielle accumulation vie-entière des substances dans l’organisme. Trois exemples contrastés de dangers chimiques ont été retenus : le cadmium, les polychlorobiphényles et le bisphénol A. Nous présentons ici quelques résultats d’évaluation des risques sanitaires pour ces trois substances retrouvées dans de nombreux aliments mais présentant des propriétés physico-chimiques différentes. La méthodologie développée dans ces travaux permettra de prédire les risques sanitaires associés à la présence de substances chimiques dans les aliments, en fonction du profil sociodémographique vie-entière des individus.

Article Le réseau SAGIR, la surveillance au carrefour des enjeux

Le réseau SAGIR est le principal réseau de surveillance évènementielle qui a pour objectifs depuis plus de 35 ans, de détecter précocement et surveiller les maladies de la faune sauvage sur l’ensemble du territoire français. Il repose sur la collaboration entre l’Office français de la biodiversité, les fédérations de chasseurs et les laboratoires vétérinaires départementaux. La surveillance du réseau SAGIR s’appuie sur une démarche diagnostique et repose sur la détection et la prise en charge de signaux anormaux de mortalité ou morbidité sans présumer de l’étiologie. Il est donc en capacité de détecter des maladies relevant de différents enjeux (santé publique, économique, santé des animaux sauvages). Le réseau s’inscrit donc naturellement dans les démarches One health et Ecohealth.  Sur une période définie et avec un objectif de vigilance ciblant un agent pathogène particulier, connu et d’intérêt majeur, le processus d’échantillonnage du réseau SAGIR peut être harmonisé, renforcé et basé sur le risque. Le réseau SAGIR et plus généralement la surveillance évènementielle est un outil utile pour détecter des maladies à expression clinique « nouvelles » pour une espèce ou un territoire. Cette modalité basale doit souvent être complétée par des modalités spécifiques (propres au réseau) et articulée avec d’autres modalités ou dispositifs de surveillance pour une plus grande efficacité/précocité de dépistage.

Brèves

Article Qualiplan, dispositif d’évaluation et d’amélioration de la qualité des données des plans de surveillance et de contrôle des contaminants de la chaine alimentaire pilotés par la Direction générale de l'alimentation (DGAL)

Chaque année, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pilote et coordonne la mise en œuvre de plans de surveillance et de contrôle (PS/PC). Cette brève présente « Qualiplan », le dispositif d’évaluation et d’amélioration de la qualité des données des plans de surveillance et de contrôle des contaminants de la chaine alimentaire. 

Articles

Article Un clone hybride d’Escherichia coli shigatoxinogène et entérotoxinogène responsable de la maladie de l’œdème chez le sanglier sauvage (Sus scrofa)

La maladie de l'œdème affecte le porc domestique et se caractérise par une entéro-toxémie aiguë souvent fatale, causée par des souches de Escherichia coli productrices de shigatoxines (STEC). A partir de 2013, des épidémies de cette maladie sont apparues pour la première fois chez le sanglier sauvage en France, dans des conditions naturelles. Les investigations épidémiologiques suggèrent une forte saisonnalité pour cette maladie, probablement liée à la dynamique des mises-bas étant donné que les jeunes en cours de sevrage sont les plus sensibles à la maladie. L’étude du gène de l’alpha-1-fucosyltransferase (FUT1) a également permis de mettre en évidence la sensibilité des sangliers à la maladie de l'œdème. Enfin, le séquençage du génome des souches de STEC isolées des sangliers a montré qu’elles appartenaient au sérotype O139:K82:H1 et possédaient un prophage codant la shigatoxine Stx2e ainsi que deux plasmides, l’un codant des adhésines F18, l’autre des entérotoxines typiques des E. coli entérotoxinogènes (ETEC). Les souches responsables de la maladie de l'œdème chez le sanglier correspondent ainsi à un pathotype hybride STEC/ETEC O139:K82:H1 qui n’avait jamais été décrit chez le porc. Ces travaux apportent un éclairage sur la plasticité des génomes bactériens, et sur le rôle de la faune sauvage comme réservoir ou révélateur de la circulation d’agents infectieux encore non détectés chez le porc domestique.

Brèves

Article Élaboration d’un guide pratique pour des données de qualité